Expérience sur le centre Alizé (Poitiers)
Salut à tous !
J'ai commencé mon stage au centre Alizé, situé dans la zone industrielle de Poitiers, le 23 mars.
Ce centre reçoit surtout des personnes envoyées par un organisme appelé l'ANAEM (Agence nationale de l'accueil des étrangers et des migrations) donc ayant le statut de réfugiés politiques, étant dans des situations difficiles (famille assassinée par exemple) et ayant été jugées inaptes à parler et écrire suffisamment bien le français. Ces personnes sont accueillies au centre et doivent faire un certain nombre d'heures (200 heures, 300 heures, 400 heures, cela varie énormément) à effectuer dans un délai d'une année (voire deux années si l'apprenant a un métier en dehors des cours de français, une maladie qui l'handicappe, etc...). Lorsqu'il reste moins de 30 heures à effectuer, l'apprenant peut passer l'examen du DILF (Diplôme initial en langue française), ce qui équivaut à un niveau A1.1 en langue française (et non pas A1 comme je l'avais écrit précédemment).
Cela peut paraître peu, mais pour ces personnes, qui pour la plupart ne savent même pas écrire leur nom et prénom, arriver à faire cela en langue française, c'est déjà un grand pas.
Les apprenants viennent de pays très divers (Tchétchénie, Kosovo, Vietnam, Congo, Sierra Leone, Guinée, Sri Lanka, Albanie, Thaïlande, Maroc, Paraguay).
Un cours se déroule souvent avec des apprenants ayant des niveaux très différents (certains apprenants ne sachant pas du tout écrire et d'autres s'exprimant déjà assez bien et sachant écrire suivent le même cours- très peu d'apprenants dans ce dernier cas) et M. Perez, mon maître de stage, ne peut pas faire autrement étant seul à gérer des apprenants qui devraient être, à mon avis, divisés en trois groupes (il manquerait donc deux professeurs). Ce que M. Perez a pu faire pour le moment, c'est diviser les apprenants FLE (ceux qui ont été bien scolarisés en général) et les apprenants analphabètes (aucune scolarisation ou scolarisation remontant à de nombreuses années). Evidemment, quand M. Perez s'occupe d'un groupe, l'autre groupe travaille en autonomie dans une autre salle, sans professeur.
Il alterne dans la même matinée entre le groupe dit "alpha" (analphabètes) et le groupe FLE. Le groupe FLE parvient à travailler en autonomie alors que cela est impossible pour le groupe "alpha".
J'ai pu voir que le métier de professeur de FLE en France relève du défi personnel, je vois chaque jour le travail que fait M. Perez. Cet homme n'est pas seulement professeur de FLE, il doit gérer les problèmes de discipline (portables allumés pendant les cours, personnes mangeant dans la salle, règles d'hygiène à respecter ), les apprenants font appel à lui pour toutes leurs démarches administratives (que ce soit l'inscription des enfants à l'école ou une simple facture à payer).
Je suis intervenue plusieurs fois auprès des FLE, et une ou deux fois auprès du groupe d'alpha et M. Perez m'a toujours remerciée pour cela. Le problème, c'est que je n'ai aucun retour sur ce que je fais pour le moment puisque lorsque je fais cours à un groupe, il fait cours à l'autre groupe. C'est donc à moi de m'évaluer sur ce que je pense avoir bien fait, etc... Je comprends donc pourquoi M. Valetopoulos nous conseillait de faire notre stage en alliance française. Ceci dit, il y a des côtés positifs à cet enseignement : les apprenants sont très gentils, ils sont toujours très respectueux, m'offrent des gâteaux, me montrent des photos de leur famille. Ils ont une réelle envie d'apprendre car sont pour la plupart menacés de repartir dans leur pays (pays en guerre pour certains).
J'apprends beaucoup de choses sur les cultures des uns et des autres et cela est très enrichissant culturellement, j'apprends quelques expressions en arabe, en espagnol, en thaïlandais, etc...
Voilà, j'espère que d'autres personnes de notre M1 posteront un article prochainement :)